Quelques jours après, l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, le président camerounais, Paul Biya a demandé un éclaircissement efficace et rapide sur les raisons de la mort du directeur général de la radio »Amplitude FM », et aussi, présentateur de l’émission »Embouteillage », l’une des émissions les plus favorites des camerounais, une émission à la fois, dénonciatrice et révélatrice des détournements ahurissants du denier public .
Ce lundi 6 février 2023, c’est avec stupéfaction que le peuple camerounais a appris, qu’il y a eu des arrestations dans le cadre de l’enquête sur la mort du journaliste Martinez Zogo, il y a deux semaines. En premier lieu, celle de l’influent homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga.
L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, propriétaire du groupe de presse l’Anecdote et des chaînes de Télévision Vision 4 et Télésud, a été arrêté aux aurores, pendant qu’il dormait encore, peu avant 6h, chez lui, à Yaoundé, aujourd’hui, 6 février 2023. Il a carrément été sorti du lit et prié de suivre une unité de policiers et de gendarmes qui a procédé à son arrestation.
Au même moment, et de manière presque simultanée, d’autres policiers se déployait chez l’un de ses principaux collaborateurs, le journaliste Bruno Bidjang, Directeur général du groupe de médias de Belinga.
« La procédure suit son cours »
L’ancien commandant de la Garde présidentielle, le colonel retraité Raymond Thomas Etoundi Nsoe, connu pour être le beau-père de Jean-Pierre Amougou Belinga, a également été arrêté.
Il est important de souligner que tous les trois sont entendus dans les locaux du Secrétariat d’État à la défense (SED), le très redouté SED où les enquêtes sont concentrées depuis la mise sur pied de la commission d’enquête mixte police-gendarmerie.
Par ailleurs, le groupe L’Anecdote, l’empire médiatique de Jean-Pierre Amougou Belinga, a publié ce lundi matin un communiqué pour tenter de dédramatiser l’arrestation de l’homme d’affaires. « Il s’agit d’une procédure qui suit son cours », souligne le texte, avant d’inviter ses soutiens au calme et au sang-froid.
L’homme d’affaire est régulièrement cité dans cette affaire comme pouvant être le ou l’un des commanditaires de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Ce que ce magnat des médias a toujours réfuté en privé.
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Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d’influences
L’Anecdote est un hebdomadaire papier francophone au Cameroun, créé par Jean-Pierre Amougou Belinga. Le journal est connu pour avoir publié une liste des homosexuels au Cameroun. Basé à Yaoundé, il distribue via les kiosques.
Dans les années 1990, alors que le Cameroun plonge dans la crise politique, après de nombreux petits boulots, Belinga devient donc journaliste. Réputé proche du pouvoir de Paul Biya et aussi de Laurent Esso, l’actuel ministre de la Justice, Jean-Pierre Amougou Belinga étend rapidement son réseau et créé au fil du temps un groupe puissant dans son pays comme dans la sous-région : des chaines de télévision comme Vision 4 et Télésud, une radio, des journaux, mais également une banque et une université privée. Et des liens très forts avec des acteurs politiques, notamment des chefs d’État du continent.
Connu de tous par sa voix grave – entendue parfois sur des messages qui ont fuité sur les réseaux sociaux – l’intéressé dirige d’une main de fer : il a par exemple obligé un journaliste tout juste licencié à faire lui-même l’annonce de son licenciement en direct à la télévision.
« Il n’a jamais caché sa capacité de nuisance », ajoute un confrère, en publiant notamment en 2006 dans L’Anectode le « Top 50 des homosexuels présumés du Cameroun ». Des ministres, directeurs et journalistes cités, mais aucune poursuite judiciaire engagée.
Par contre, en 2020, il a été entendu en tant que témoin suite à l’assassinat d’un jeune jet-setteur, Jean-Pierre Amougou Belinga avait dénoncé un complot.